Réécriture de La samaritaine, Jean 4,1-30

Réécriture de La samaritaine, Jean 4,1-30

Narratrice : Pauline, une moniale du Bon-Pasteur est très convaincue de sa vocation de cloîtrée et de sa mission qui est d’aller à la rencontre des brebis égarées. Elle s’est attelée à sa tâche avec enthousiasme, partageant son temps entre la prière et la rencontre des femmes marginalisées par la société. Elle a su les écouter avec compassion et une sollicitude intelligente.

Sans calculer son temps, elle a consacré sa jeunesse, sa maturité et même son âge d’or à panser leurs plaies, à les secourir, à chercher avec elles des solutions pour leur rendre la vie meilleure.

Certaines lui réclamaient un havre, d’autres la pitance, d’autres encore des solutions à leurs problèmes conjugaux, de drogue ou d’alcool. Quelques-unes demandaient qu’on les protège, qu’on les arrache des mains de leurs souteneurs, de leurs violeurs. D’autres avec étonnement ou arrogance hurlaient :

Les filles : « Toi, une bonne sœur, qui ne sais rien de la vie ni de la liberté, tu es bien naïve de croire que tu peux nous aider. »

Narratrice : Assaillie par des questions de toutes sortes, débordée d’avoir tant de problèmes sur les bras, elle respirait profondément et tentait de répondre avec calme et sérénité.

Pauline : « Si vous saviez l’amour qui m’amène et me pousse vers vous, vous ne seriez pas surprises. »

Les filles : « Tu connais ça, toi, l’amour ? »

Narratrice : Pauline répond :

Pauline : « De quel amour parlez-vous ? »

Narratrice : Certaines disent :

Les filles : « J’en ai connu moi des hommes ! »

Narratrice : D’autres ajoutent :

Les filles : « On s’est occupées de nos maris ivres morts, drogués qui ont fini par nous abandonner. Des hommes nous ont battues, nous ont exploitées. Est-ce que c’est ça de l’amour ? »

Pauline : « Vous êtes curieuses de savoir où moi je l’ai trouvé ? C’est en venant à votre rencontre, en consacrant mon temps —en fait toute ma vie —à vous écouter, à chercher avec vous des solutions à vos problèmes, à vous accueillir et à vous aimer comme des sœurs, sans vous juger. Peut-être voulez-vous savoir où je puise ce grand don d’amour qui m’habite ? C’est dans ma relation avec le grand amour de ma vie. »

Narratrice : Et là, elle leur montre la croix qu’elle porte sur son cœur.