REFLEXION SUR LE RETOUR AUX ETUDES D’UNE FEMME DANS LA QUARANTAINE

REFLEXION SUR LE RETOUR AUX ETUDES D’UNE FEMME DANS LA QUARANTAINE

Pourquoi suis-je retournée aux études ? Je suis infirmière et un autre cours d’Actualisation en techniques infirmières s’offrait au Cegep de ma ville ; j’ai donc décidé de le suivre dans le but de mettre mes connaissances à  jour et de voir les changements survenus dans la profession. N’ayant pas pratiquent milieu hospitalier depuis 23 ans, j’étais intéressée à savoir ce qui s’y passe maintenant. Et il y avait aussi le goût d’étudier, d’avoir un nouveau statut, qui était valorisant à mes yeux. Etre étudiante à temps plein était un défi, une expérience nouvelle à vivre, un stimulant.

Et la famille dans tout cela ; on ne retourne pas aux études à 40 ans comme à 16 ans, je veux dire qu’il est important de sensibiliser les membres de la famille afin de les aider à s’intégrer à ce changement. J’ai donc négocié la collaboration de mon mari, ma fille et mes deux garçons afin d’assurer un juste partage des taches.    Tous étaient d’accord avec ma décision de retourner aux études jusqu’au moment où il leur fallait s’impliquer. Les garçons ont contesté, se sont montrés récalcitrants, considérants que je ne remplissais plus mon devoir de mère, que ma place était à la maison où je m’occuperais d’eux. Bien qu’il yait eu des heurts, la participation de la famille a quand même été bonne, je suis satisfaite du changement. Je ne me sens plus la seule responsable de la bonne marche de la communauté.

Les deux premières semaines de cours ont exigé beaucoup d’énergie d’adaptation, ce qui s’est manifesté par une très grande fatigue physique. Une contrainte que j’ai eu à subir a été l’horaire imposé et le fait que d’autres organisaient maintenant mes journées, cela m’a fait vivre un sentiment de dépendance, je devenais moins autonome.

Et mes compagnes et moi avons eu un choc lorsqu’une représentante de l’Ordre des infirmières nous a appris que ce programme d’actualisation était subventionné partout ailleurs qu’à Rimouski. Nous avons donc fait des démarches afin de faire valoir nos droits, ce fut en vain puisque les instances régionales avaient refusé d’acheter le programme à cause du taux élevé de chômage dans la région chez les infirmières.

On nous a même dit que l’employeur était davantage intéressé à engager des personnes jeunes plutôt que celles ayant de l’expérience. Et l’on constate notre impuissance à faire changer quoi que ce soit dans les décisions qui ont été prises par des hommes …peu enclins à considérer le droit au travail égal pour les hommes et les femmes, pou les jeunes et les moins jeunes.

Tout compte fait, cette exper1ence fut intéressante, tant par les connaissances acquises que par les échanges enrichissants partagés avec les participantes du programme. J’ai apprécié le travail en équipe avec les avantages et les inconvénients qu’il comporte, c’est-à-dire que cette formule oblige à des compromis et que, finalement, la production est souvent de meilleure qualité, pas toujours cependant, dépendant des personnes et des objectifs poursuivis qui ne sont pas les mêmes pour tous. Après avoir été plongée dans ce bain de cours, j’ai le goût de continuer à apprendre et, si possible, de faire profiter la société de mes connaissances.

R imouski  Bernadette Jean