Regard sur une revue

Regard sur une revue

La revue « Femmes et hommes dans l’Eglise » (Bruxelles, Belgique) reproduit dans son numéro d’avril 1976 (no 17) quelques textes du Colloque organisé par Pro Mundi Vita à Heverlee-Heuven (Belgique) du 25 au 30 août 1975 sur le thème « les valeurs et les ambiguïtés du « partnership » des hommes et des femmes dans les communautés chrétiennes », Ce Bulletin rend compte de deux exposés 1 de déclarations signées par la majorité des participants et des rapports des différents groupes de travail. Nous essaierons de rendre compte dans cet article des lignes générales sur lesquelles les membres du Colloque se sont ralliés.

Au sujet du thème même du Colloque, nous voulons d’abord faire remarquer l’intérêt de ce projet de ne pas s’intéresser à la libération de la femme toute seule mais de proposer de nouveaux modèles de « partnership » pour l’homme et la femme. Car tous les deux, l’homme et la femme, sont « prisonniers » de modèles déjà existants qui empêchent l’un et l’autre d’accéder vraiment à la dignité et à la liberté de « fils de Dieu ». Le Colloque a voulu « faire prendre plus conscience de l’existence de ces prisons, il a voulu indiquer des lieux de liberté où peuvent se diriger lés hommes en marche, il a voulu faire des brèches dans les nombreux murs qui empêchent « encore de partir ensemble ». (p.2)

Les participants se sont entendus sur les points suivants :

1. La collaboration entre hommes et femmes est fondée sur la conviction que les dons reçus par chaque être humain lui ont été donnés pour le bien de la communauté. Le sexe ne les conditionne aucunement, (p. 11)

2. La collaboration entre hommes et femmes nécessite une libération des femmes. Mais cette libération des femmes doit avoir à cœur en même temps « d’aider les hommes à revoir leurs rôles et leurs propres images stéréotypées », (p. 13) Elle doit déborder sur un épanouissement mutuel.

3. Par ailleurs, ce combat pour une meilleure relation entre hommes et femmes est lié au combat à mener contre les structures d’oppression sociale, économique et politique, (lutte contre le colonialisme, contre le racisme, contre le cléricalisme dans l’Eglise ; dans les pays d’Asie et d’Afrique en particulier, lutte contre l’utilisation de la polygamie, de la prostitution, du statut d’esclavage des femmes).

4. En ce qui concerne l’Eglise, elle est trop souvent alliée aux puissances politiques et économiques : ce qui l’empêche de répondre à sa mission prophétique en dénonçant de façon précise et concrète les injustices et les injustes. La lutte doit aussi se faire contre les structures injustes de l’Eglise elle-même, qui ne font pas réellement de place aux laïcs et encore moins aux femmes. A ce niveau, on doit dénoncer la façon dont l’Eglise neutralise les conflits (ex. commissions spéciales qui retardent les solutions aux problèmes). Il faut aussi demander à l’Eglise de s’engager dans une étude approfondie sur la signification de la sexualité (collaboration au plan des Nations-Unies). Car, la pensée traditionnelle doit arriver « à renoncer aux images et aux stéréotypes fondés sur des données biologiques inexactes » (p.12).

5. Les femmes doivent prendre leurs responsabilités dans la réflexion théologique. Elles doivent enraciner leur réflexion dans leur propre expérience et travailler à la revision de la symbolique qui reste discriminatoire pour les femmes. Elles doivent ainsi tendre à modifier le langage sexiste traditionnel aussi bien dans les textes liturgiques que dans le discours théologique (p. 12).

La résolution finale de ce Colloque consiste à conscientiser, par tous les moyens possibles, hommes et femmes sur les situations communes d’oppression qu’ils vivent, dans la société et dans l’Eglise et « à oeuvrer à la libération tant à l’intérieur, dans le milieu ecclésial propre, qu’à l’extérieur où doit être construit un monde plus habitable pour les femmes et pour les hommes ». (p.2)

Louise Melançon

Sherbrooke

(1) Pierre Delooz, Approche « sociologique » de la relation homme-femme dans l’Eglise, pp. 3-4 ; Letty M. Russell, Aspects théologiques du « partnership » des femmes et des hommes dans les communautés chrétiennes, pp. 4-11.