UNE EXPÉRIENCE

UNE EXPÉRIENCE

Danielle Guay, Vasthi

Avant de vous parler de L’autre Parole, j’ai pensé vous faire part de mon expérience académique.

Quand je suis retournée aux études, il y  a une douzaine d’années, avec mon diplôme du secondaire en main, je me suis dit : « Peu importe le nombre d’années que cela exigera je me réaliserai dans des études universitaires ». Au cours des premières années, la passion et le rêve menaient mes actions, puis un  certain essoufflement est apparu ce qui m’a fait prendre conscience de mes limites. Cela m’a  beaucoup déçue, et même découragée. Cependant, à la suite de ces périodes creuses, un regain d’énergie m’a stimulée à me reprendre en main. Même si j’ai dû laisser en plan certaines visées que j’avais eu au départ,  j’ai réussi à atteindre mes objectifs de façon très satisfaisante, grâce à ma grande détermination et au soutien constant de mon entourage : mon mari, mes enfants, des profs, des amies qui se sont montrés jusqu’au bout solidaires de mes projets.

J’ai l’impression aujourd’hui, qu’en optant pour la voie du changement, je rejoins beaucoup d’entre vous qui avez vécu, soit personnellement soit collectivement, au fil des années, un processus similaire au mien, rêver, puis découvrir ses limites, éprouver le découragement, retrouver l’espoir, la solidarité et la détermination.  J’ai appris, par cette expérience, que les moments qui font apparaître l’avenir sous un jour plus sombre, ont aussi le pouvoir de dynamiser un nouvel élan .

En ce qui concerne les perspectives d’avenir quant aux pratiques,  rituels,  théologie réalisés par et pour les femmes, les pratiques de résistances doivent survivre aux pressions de l’Église catholique institutionnelle. La lettre aux Évêques de Ratzinger donne d’ailleurs aux membres de L’autre Parole une bonne raison de redynamiser leur élan.

Quand je suis devenue  membre de L’autre Parole, c’était dans une perspective féministe. Ma formation sociologique, alliée à mon regard de chrétienne qui avait fait le deuil des rites de l’Église institutionnelle, m’ouvrait une nouvelle voie. Dès le départ, j’ai manifesté mon désir de participation à la Collective en m’inscrivant comme membre du groupe Vasthi et au sein du comité de coordination. Cette entrée dans L’autre Parole m’a stimulée  dans la  poursuite de  mon engagement comme féministe chrétienne. Même si je n’ai pas le parcours d’une militante féministe chrétienne comme plusieurs d’entre vous, ni de formation théologique, les discussions entamées dans les rencontres de Vasthi comme au comité de coordination m’ont vivement  intéressée. J’ai lu le numéro 100 de la revue L’autre Parole avec un grand intérêt. J’y ai retenu les mots, solidarité,  regroupement, différence, souffle de vie, liberté, autonomie et marginalité.

Faire reconnaître la voix des femmes au sein de l’Église a été et est toujours un grand défi à relever pour nous, féministes chrétiennes. Ces pratiques de résistance ont toujours leur raison d’être et elles sont essentielles. Aussi m’a-t-il été très agréable de constater, hier soir, que le souffle de vie et la militance des membres de L’autre Parole sont loin d’avoir disparu.