UNE MÈRE ET SA FILLE RACONTENT

 

J’étais soucieuse de connaître le point de vue de parents et d’enfants au regard du cours d’éthique et de culture religieuse (ECR) au secondaire. Dans un premier temps, j’ai interviewé une mère, également collègue de travail, et par la suite, sa fille Chloé, âgée de 12 ans. Madame Josée Bouchard, bibliothécaire, est mère d’un garçon et de deux filles.

 Comme sa fille aînée débutait ses études au secondaire en même temps que la réforme, je voulais savoir si elle avait des inquiétudes au sujet du cours d’éthique et de culture religieuse. Elle m’a répondu que c’est la teneur des propos énoncés à l’intérieur du cours et l’objectivité de la professeure qui la préoccupaient. Elle ne ferait cependant pas barrière au contenu car : « je me suis dis, que chaque prof pouvait en tout temps du cours d’histoire ou du cours de français faire des sous-entendus, émettre son opinion, donc éclairer, teinter la pensée de mon enfant. ». Mme Bouchard considère que l’éducation c’est aussi l’ouverture de nos esprits à des sujets, des idées différentes.  Elle ne veut pas inciter ses enfants à refuser la différence, même si celle-ci était contraire à ses idées, ses pensées, ses valeurs.  « Je me dois de leur donner la capacité de penser par eux-mêmes. »

Puis j’ai demandé à madame Bouchard si le cours d’ECR était pertinent à l’apprentissage de son enfant.  Pour elle, la connaissance est source d’assurance et de confiance en soi.  Elle croit qu’apprendre sur les autres et s’ouvrir aux idées différentes ne peut que permettre à sa fille d’être plus outillée donc plus forte.  Elle sera mieux armée pour la vie.  J’ai pensé que c’était pertinent de demander à madame Bouchard si elle croyait être en mesure d’apporter son aide au devoir d’ECR de son enfant. Elle m’a répondu oui, puisque pour elle, l’éthique touche la morale, les choix et les valeurs de la vie.  Il faut donc faire preuve de logique, d’écoute, de savoir-vivre et d’intérêt pour le monde d’aujourd’hui.  En ce qui concerne la culture religieuse, elle sait entendre et écouter et inciter sa fille à lire et à chercher de l’information.

Je me suis permis de l’interroger sur ce qu’elle souhaitait que sa fille retienne de son cours d’ECR. Voici sa réponse : « L’envie d’apprendre sur d’autres, d’avoir l’esprit ouvert, de savoir que d’autres pensent différemment, croient différemment et qu’une vie est faite de choix. »

Finalement, j’ai demandé à madame Bouchard ce qu’elle souhaitait que son enfant développe comme habiletés durant sa formation secondaire en éthique et culture religieuse.  Elle m’a dit qu’elle aimerait que sa fille développe son jugement sur les situations de la vie, son ouverture d’esprit face aux différences, ses choix moraux, sa bonté et sa tolérance.  « En faire une citoyenne du monde car la société ne s’arrête pas  à notre porte. »

Quant à Chloé, je lui ai d’abord demandé si elle avait suivi des cours de religion ou des cours de morale au primaire. Elle m’a répondu qu’elle avait suivi des cours de catéchèse et que sa préparation aux sacrements avait été à l’Église. J’ai voulu savoir comment Chloé se sentait par rapport au cours d’Éthique et de culture religieuse. « Au début, dit-elle, ça me tentait pas vraiment de parler des autres religions.  Maintenant, je suis de plus en plus à l’aise avec ça.  J’aime en savoir plus sur les religions. »  Cependant, Chloé m’a signalé qu’elle avait de la difficulté à comprendre la partie éthique de son cours. Elle estime que sa professeure ne donne pas assez d’exemples.

J’ai osé demander à Chloé si on lui avait parlé de la place des femmes dans son cours d’ECR.  Elle m’a répondu que dans son cours d’éthique, on avait parlé du droit de vote des femmes et qu’elle avait fait une recherche sur les vêtements des femmes comme, par exemple, le port du pantalon.