Ensemble dans l’espérance

Ensemble dans l’espérance

par Sophie Lemieux Guy

Ces quelques réflexions ont germé durant les vacances de Pâques •••

Dieu avait déposé au coeur du peuple hébreu l’espoir en la Terre promise. Le Christ est venu réaliser cette promesse de Yahvé et il nous a ouvert les portes de l’Espérance.

A notre tour, en devenant chrétiennes, nous ouvrons nos cœurs à l’Espérance et nous devenons témoins du Christ ressuscité. C’est dans notre vie quotidienne, à travers nos efforts, nos peines et nos difficultés que nous vivons la victoire du Christ ressuscité.

La  Semaine sainte et la fête de Pâques sont passées. Vivre Pâques, c’est vivre avec la certitude définitive qu’une victoire est accomplie et une victoire qui nous concerne toutes, femmes chrétiennes.

Vivre Pâques, c’est désormais vivre selon le chemin de Jésus et ce chemin, c’est celui des Béatitudes. Comme chrétiennes, nous sommes appelées, constamment, à changer nos comportements et face aux situations diverses de la vie, nous sommes appelées à développer des réflexes nouveaux, qu’on nomme réflexes évangéliques. Par exemple, face à l’injure qui blesse ma fierté et peut-être même ma dignité, me rappeler tout à coup « Bienheureux les miséricordieux, ceux qui pardonnent ••• » Face aux situations d’injustice – celles que nous dénonçons comme féministes – il me revient un réflexe : « Bienheureux les assoiffés de justice ••• » Voilà donc tout un changement de perfectionnement de vie qui s’ouvre devant celle ou celui qui désire entrer dans la résurrection !

Pâques, c’est le jour de tous ceux qui se relèvent plus décidés à recommencer, plus forts pour continuer, plus humbles pour aimer, plus ouverts à la tendresse.

Le Christ nous a ouvert des chemins d’avenir : sa croix a fait éclater l’impasse, sa mort est devenue source de vie. Sur les chemins terrestres, où il continue de marcher avec nous, devant la tâche à accomplir, nous ne saurions manquer ni de force ni de courage ni d’Espérance. Une Espérance ferme aussi en sa puissance de Vie.

Le Dieu révélé par Jésus Christ est Amour. Il est amour divin, infini. Alors de quoi aurions-nous peur ? Le Christ, avant de retourner vers son Père, nous a laissé le plus beau message d’espoir : « Je serai avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps ». Et il s’adressait à l’humanité tout entière, aux hommes et aux femmes de tous les temps.

Durant sa vie terrestre, Jésus a vécu au milieu des pauvres, des enfants, des malades, des affamés, des hommes, des femmes. Il a condamné ceux qui commettaient l’injustice, il a pardonné à ceux qui aimaient, il a jeté un regard plein de tendresse aux hommes, aux femmes, aux enfants. Il a appelé à lui ceux qui souffraient. I1 était homme de son temps, il a vécu avec les hommes et les femmes de son temps, il les a compris et aimés. Puisqu’il est avec nous jusqu’à la fin des siècles et que son amour est divin et infini, il est aussi du 20e siècle. Pâques nous rappelle chaque année que l’Espérance est toujours vivante, que sa victoire sur la mort vient nous redonner force et courage devant nos propres situations d’injustice.

Le Christ a respecté la liberté des hommes et des femmes ; il n’a pas condamné ceux qui refusaient de le suivre, il leur a laissé le choix mais aussi au fond de leur coeur, la voie de l’Espérance.

Et le Christ nous a laissé son Église, pour perpétuer son message de Vie, d’Espérance et d’Amour. Mais comme femme, je me retrouve comment dans cette Église ? Sans la condamner, ni la refuser, ni la remettre en question, je m’y sens mal à l’aise, incomprise, mise à part. Que nous soyons nés homme ou femme, tous nous avons hérité, à moins de subir un malheureux handicap sur le plan biologique ou psychologique, d’une capacité de jugement, du sens des responsabilités, du droit à la liberté et du pouvoir de décision. Ce que je déplore, c’est que dans certaines circonstances, l’Église refuse de reconnaître à la femme ces caractéristiques propres à un être humain « normal ».

Par conséquent, elle contribue à garder la femme dans un état d’infantilisme et à la maintenir dans un statut de mineure et de non responsable. Elle devient très absolue face aux revendications ou au cri d’alarme des femmes ; rappelons son attitude face à la contraception, à l’accession des femmes aux fonctions sacerdotales pour ne nommer que celles-1à. Dans 1’Eglise comm1e dans toute la société le pouvoir est un pouvoir d’hommes, détenu par dés hommes et qui régit les hommes et ••• les. femmes.  Peut-être ces hommes ont­ ils pensé que leur pouvoir leur allait bien à eux sans s’interroger s’il nous allait bien à nous. Serait-ce qu’ils nous voient leurs égales quand ça fait leur affaire ? Pourtant quand il s’agit pour eux de nous enfermer dans nos fonctions d’épouse et de mère soumises, cela semble aussi très bien les accommoder. Ces hommes de pouvoir politique ou moral font la sourde oreille quand ils nous voient nous débattre avec nos difficultés, nos situations d’injustice, nos oppressions de toutes sortes. « Bienheureuses les assoiffées de justice,••• », voilà le réflexe évangélique. Oui ! Mais Pâques, c’était aussi le jour de tous ceux et celles qui se relèvent plus forts pour continuer. Pour continuer quoi ? Notre vie de chrétiennes, de témoins du Christ et d’êtres humains à  part entière. Sur le plan humain, il nous reste l’espoir que de plus en plus d’hommes dans la société et dans l’Église feront ce déblocage d’attitude et de comportement à l’égard de la femme, vers son acceptation complète et entière !

Et comme chrétiennes, l’Espérance ! Le message du Christ est Amour, Espérance et Vie. Dans sa vision de l’humanité et son projet de rédemption, le Christ n’a pas fait la distinction des sexes •••

Donc, ensemble dans l’Espérance •••