FEMMES DE TOUS LES HORIZONS, À LA UNE !

FEMMES DE TOUS LES HORIZONS, À LA UNE !

Marie-T. Roy-Olivier- Myriam

L’assemblée générale de PU.M.O.F.C. (Union mondiale des organisations féminines catholiques) a réuni cinq cent huit femmes et neuf prêtres à Guadalajara, au Mexique, du 18 au 29 septembre 1991.

Les déléguées provenaient d’une soixantaine de pays. Le thème proposé s’énonçait ainsi :

FEMMES DANS LA VIE        Idéal Réalité Action

L’idéal

L’idéal prenait ses racines dans la spiritualité des femmes et leur expérience de la sainteté.

Pour nous accompagner dans cette démarche, Maria Teresa Porcile Santiso, de l’Uruguay, docteure en théologie biblique, nous invita d’abord à nous référer à notre propre expérience, à l’histoire de notre vie, nous faisant ainsi découvrir notre identité personnelle.

Elle mit en lumière trois attitudes discriminatoires qui ont atteint l’expérience spirituelle des femmes :

– « Les hommes ont tacitement « ignoré » une perspective féminine de la vie spirituelle des femmes ; c’est logique, car ils ne peuvent pas connaître une expérience qu’ils n’ont pas vécue.

– « La priorité a été donnée à l’intellectuel par rapport à l’affectif, au méthodique par rapport à l’intuitif, à l’ascétique par rapport au mystique et l’on a exhorté les femmes à être ‘Viriles ».

– « Un autre effet lamentable de cette mentalité masculine dans le domaine de la spiritualité a été l’éclipse partielle des modèles féminins de l’Écriture et de l’histoire de la spiritualité. Les femmes ont été marquées par cette mentalité et « même une figure aussi exceptionnelle que Thérèse d’Avila utilise par moments le mot « femme » de façon à ce qu’on pourrait y voir « faible ».

Au cours de sa conférence, Maria Teresa a voulu nous aider à découvrir une nouvelle spiritualité qui ne soit pas des mots.

« La femme possède le secret de l’accueil, elle sait ce que c’est que nourrir, que mettre une vie au monde, unissant ainsi, dans son propre corps, chair et esprit. Elle sait par expérience qu’un don d’amour laisse des traces qui témoignent d’une nouveauté de vie. »

Elle a mis l’accent sur cette ligne de pensée en utilisant le visuel (saynète) et des références théologiques : elle a insisté sur la force de l’Esprit que toute femme porte en elle.

Chaque femme doit s’efforcer de connaître son histoire tant universelle que particulière et de retrouver son identité propre, unique, exclusive afin que son apport provienne de son être irremplaçable.

J’ai eu l’impression que les neuf accompagnateurs ecclésiastiques avaient le souffle coupé par moments… Plusieurs ont eu à mûrir cette approche, très nouvelle pour eux. Des échanges intéressants se sont poursuivis en ateliers tout le reste de la journée, y compris à la séance plénière.

La réalité

Lorsqu’il s’est agi de traiter du thème « Réalité » de la vie, les ateliers se sont penchés sur des situations réelles vécues aujourd’hui :

Femmes et environnement

Femmes et vieillissement

Femmes et reproduction technologique

Femmes et nutrition (santé)

Femmes et migration

Femmes et violence au sein de la famille

Femmes et discrimination

Femmes et droits de l’enfant

Femmes et alphabétisation

Femmes et Église

Femmes et développement économique

Femmes et nouvelle évangélisation

Après discussion, chaque atelier a choisi des priorités et rédigé des recommandations.

L’action

La dernière partie de l’assemblée générale visait à cerner des actions possibles, à les accepter par vote, afin de les concrétiser dans chacun des pays représentés.

Propositions dirigées vers le Conseil de l’U.M.O.F.C., responsable des actions à poursuivre au plan international :

– Le sida, étant un problème mondial, doit devenir une priorité pour l’U.M.O.F.C.

– La pornographie et la violence farte aux femmes et aux enfants sont aussi des phénomènes universels qui rejoignent nécessairement l’U.M.O.F.C.

– L’option préférentielle pour les pauvres dans l’esprit de Vatican II dort devenir notre préoccupation première.

Au plan régional, la délégation de l’Amérique du Nord (qui comprend les francophones et les anglophones du Canada, et les États-Unis) a choisi comme priorité les thèmes « Environnement » et la « Discrimination des femmes dans l’Église ».

Conclusion

Ce fut une assemblée fort appréciée et porteuse d’espérance. Les ecclésiastiques cheminent, les femmes s’affirment de plus en plus.

Le thème « Femmes et Église » est celui qui a recueilli le plus de votes pour réclamer l’accès à l’atelier de travail (80). On avait des choses à dire !

Beaucoup d’insatisfactions ont été exprimées, des attentes ont été formulées. Il reste cependant des résistances, de la prudence, des peurs retenues : quelques-unes craignent de faire des recommandations à leur évêque, au Magistère : « Ne touchez pas à cela ». On est loin de la confrontation…

Un prêtre américain, s’adressant aux déléguées officielles, s’est ainsi exprimé : « Vous participez au ministère de Jésus-Christ (Prêtre – Prophète – Roi ou Reine) en vertu du caractère reçu au Baptême et à la Confirmation ; ne vous laissez pas intimider par l’autorité lorsque vous êtes en recherche de vérité ». D’autre part, un autre prêtre a cru devoir rappeler à l’assemblée qu’on dort prévoir, dans ses choix, les risques de heurter des personnes qui n’ont pas atteint le même degré que soi de la compréhension des situations, des décisions à prendre. La route est longue, mais l’Esprit est là et les mentalités changent de toute façon.

À chacune des assemblées générales, tous les quatre ans, il y a des signes très éloquents de ces changements. Cette année, plus de cinq cents participantes s’étaient inscrites… Si l’Esprit révèle la féminité de Dieu, comme on le dit, il ou elle saura bien rallier toutes les énergies et faire en sorte que justice sort farte.

« L’énergie des femmes est une force du monde. »