LA FEMME ET LA PAUVRETE, DIX ANS PLUS TARD

LA FEMME ET LA PAUVRETTE, DIX ANS PLUS TARD

Rapport du Conseil national du bien-être social Été 1990

Ce rapport présente l’évolution des taux de pauvreté au sein de divers groupes de femmes de 1979 à 1989. Il questionne les faits et les observations recueillis, tente d’en discerner les causes et propose un certain nombre de recommandations propres à améliorer la situation.

Au cours des années 80, des douzaines de lois fédérales et provinciales ont été adoptées ou modifiées en vue d’améliorer la situation des femmes au Canada : enchâssement dans la Constitution du droit des femmes à l’égalité, augmentation des prestations pour enfants, supplément de revenu garanti pour les personnes âgées, participation accrue au marché du travail… etc. Et pourtant la proportion des femmes pauvres au Canada n’a guère changé. Pourquoi ?

Les signataires du rapport l’attribuent à des raisons qui rendent les femmes vulnérables en même temps qu’elles leur échappent. Ces raisons touchent : leurs responsabilités en matière de soins à donner aux enfants (types de famille, rôles traditionnels…) ; l’iniquité du marché du travail (discrimination salariale, travail précaire, stéréotypes sexuels, résistance des employeurs…) ; la rupture du mariage : on prévoit qu’environ 40 % des jeunes mariés d’aujourd’hui divorceront ; le veuvage : 27 % de toutes les mères seules en 1986 étaient des veuves et vivaient dans le dénuement.

Le visage de la pauvreté change aussi selon l’âge. Trois groupes de femmes seules connaissent des taux de pauvreté particulièrement élevés : les jeunes, les femmes de 55 à 64 ans et les 65 ans et plus.

Femmes seules de 16 à 24 ans : en 1987, 52 % des jeunes femmes seules avaient un revenu inférieur à la moitié du seuil de la pauvreté.

Femmes de 55-64 ans : la quasi-impossibilité pour elles d’intégrer ou de ré-intégrer le marché du travail, leur revenu moyen était égal à 60 % du seuil de pauvreté en 1987. Ces femmes seules, démunies, seraient généralement demeurées au foyer pour y soigner leur famille.

Femmes de 65 ans et plus : les programmes fédéraux de sécurité du- revenu parviennent à protéger la plupart des couples âgés contre la pauvreté mais sont très loin de cet objectif dans le cas des personnes âgées vivant seules.

En conclusion, le rapport précise que chez les femmes mariées pauvres, le revenu des épouses est devenu essentiel à la famille. Cette situation n’a pas diminué le taux de pauvreté des femmes parce qu’elle a profité aux maris aussi bien qu’aux épouses. Leur participation accrue au marché du travail ne leur a pas non plus apporté une sécurité financière personnelle. Plusieurs de celles qui occupaient un emploi à plein temps pendant toute l’année avaient des salaires peu élevés.

Le résultat le plus troublant du présent rapport est celui qui révèle l’existence d’un lien très étroit entre la maternité et la pauvreté.

Par ses tableaux statistiques, les questions qu’il soulève et les nombreuses recommandations qu’il propose, ce rapport demeure une ressource précieuse pour quiconque veut faire le point sur la question de la pauvreté des femmes canadiennes en cette fin de siècle.

On peut obtenir des exemplaires de ce rapport au Conseil national du bien-être social Immeuble Brooke Claxton Ottawa K1AOK9 – (613)957-2961

Yvette Laprise – Myriam