LA SIMPLICITÉ VOLONTAIRE

LA SIMPLICITÉ VOLONTAIRE

Diane Gariépy

Vous parler de La simplicité volontaire selon Diane  ? Certainement !

Premièrement, j’essaie de simplifier ma vie en me permettant de ne pas acheter tous les gadgets suggérés par l’air du temps. Ainsi, je considère que je n’ai pas vraiment besoin de me laver avec un savon au lait de chèvre ou au germe de blé et, il me semble que je peux survivre sans me faire faire des mèches à trois couleurs.

Ça, pour moi, c’est facile.

 Côté bouffe, j’essaie de privilégier l’achat de produits locaux (pour éviter les coûts de transport toujours dommageables pour l’environnement), je choisis de préférence les fruits et légumes vendus en vrac (pour éviter les emballages qui iront à la poubelle), j’achète des aliments certifiés biologiques (même s’ils coûtent un peu plus cher), et équitables (c’est pas la même chose !), et je mange de moins en moins de viande.

Facile et agréable, en plus !

 Je me satisfais d’un revenu annuel d’à peu près 30 000$ pour deux personnes.  Je peux donc me permettre de travailler à temps partiel. C’est moins essoufflant et je m’y sens autant productive qu’à cinq jours/semaine. Autant de temps récupéré pour souffler, aller dîner avec des gens que j’aime, lire, découper mes journaux, jouer du piano, voir rougir mes tomates…

C’est la belle vie !

 Évidemment, je compte aussi sur la solidarité d’un réseau social en santé.  Les échanges de service, les trocs, c’est pas si nouveau que ça.  J’ai élevé mes enfants dans la grande famille que nous avions inventée sur la rue Marquette, entre Mont-Royal et Rachel : achat de maisons en co-propriétés indivises, échange de gardiennage, corvées de peinture, partys de chansons à Noel, parades des chapeaux de Pâques, soutiens mutuels quand la maladie et les divorces ont frappé dur, pétitions et manifestations pour toutes sortes de belles causes.

De beaux souvenirs !  Et quelle gratuité dans ces échanges !

 Mais il y a un MAIS

Le plus difficile pour moi, c’est de ne pas posséder une auto et de me sentir bien seule à avoir fait ce choix (c’est un choix puisque j’ai l’argent pour en acheter une !).  Ça, c’est dur.  ZE défi !, comme dirait l’autre.

 Évidemment, j’ai mon petit discours tout fin prêt :

*      À Montréal, pas vraiment besoin d’une auto  puisqu’il y a un très bon service de transports publics et des taxis tant qu’on en veut. OK !

*       Une auto, ça coûte cher. D’après le CAA, plus de 6 000$ par année ! En considérant l’augmentation du revenu annuel que cela suppose et ce qu’il en coûte en impôts et assurances, cela revient pour la majorité des gens à une journée de travail par semaine …uniquement pour payer l’auto !  OK !

*      L’auto cause des dommages inestimables à l’environnement ; le CO2 serait responsable à plus de 40 % de l’effet de serre lequel entraîne à son tour tout un cortège de malheurs : sécheresses, inondations, réchauffement de la température, cyclones, augmentation des maladies tropicales, etc.  OK !

*      Il y a des livres entiers qui traitent des dommages à l’environnement causés par l’auto (multipliée par X exemplaires).  Pensons seulement à  la masse de déchets qu’elle génère à tous les huit ans, (produits toxiques ou pas) qui s’accumulent et qu’on expédie dans le Tiers-Monde pour s’en débarrasser. OK !

 Pour beaucoup d’adeptes de la simplicité volontaire, le dossier de l’automobile mérite qu’on s’y attarde sérieusement.

 Mais je vous avoue que c’est dans cet aspect-là de la vie de simplicité volontaire que ça me coûte le plus ! Parce que l’auto privée est considérée comme un veau d’or dans notre société !  Parce qu’on se marginalise quand on vit SANS.  Essayez : vous allez voir !

*      Vous allez voir qu’on ne s’habille pas de la même façon quand on va travailler en autobus et en métro l’hiver (pantalons, gros manteaux, foulard, bottes et tuque [qui aplatit les cheveux] ) et en auto (robe, petit manteau, bottes légères, ou souliers délicats)

*      Vous allez voir que votre réseau d’amis-es rapetisse parce que vous n’avez pas toujours l’énergie pour aller faire des petites visites à Laval, Repentigny, ou Le Gardeur !

*      Vous allez voir que les petites commissions qui se font en trois heures en auto vous prennent trois jours à la marche/métro/autobus !

*      Surtout, vous allez vous sentir bien seule quand des amis viendront vous apprendre qu’ils viennent enfin de s’en acheter une.

Dur. Dur.

 Mais je réalise que je charrie : Il y a aussi des avantages à ne pas avoir d’auto puisque je n’ai pas besoin de déneiger, de m’inquiéter sur de possibles vols d’autos ou d’accidents de la route ; je n’ai pas besoin d’aller au garage, pas besoin de faire poser des pneus d’hiver, pas besoin de faire les changements d’huile, de négocier mon assurance, de louer un garage, de construire un abri Tempo …Et je peux lire ou rêvasser en m’en allant au bureau.

 Finalement, qu’à cela ne tienne ! Même si je trouve ça dur par moments, je compte bien continuer à privilégier le transport collectif. Adopter le style de vie de la simplicité volontaire suppose, d’après moi, de se coller aux intérêts de la survie de la planète, de la suite du monde, autant que de son propre confort dans l’harmonie du temps retrouvé.

Allons-nous attendre des lois restrictives pour commencer à nous préoccuper de l’air que nous respirons et du développement durable de la planète ?  Qui va commencer en premier ? Le gouvernement…ou les gens ?  Le fédéral…ou le provincial ?  Les hommes…ou les femmes ?  La gauche…ou la droite ?

On se met en marche, comme ça, un bon jour…et progressivement, on a l’impression que la valeur du progrès/performance/succès extérieur cède le pas à la croissance spirituelle.

C’est dur, des fois.

C’est facile, des fois.

Mais, dans le fond, c’est bon tout le temps.