LE CLUB POLITIQUE FÉMININ : UNE NOUVELLE RESSOURCE POUR LES FEMMES DE LA RÉGION BAS ST-LAURENT – GASPÉSIE

LE CLUB POLITIQUE FÉMININ : UNE NOUVELLE RESSOURCE POUR LES FEMMES DE LA RÉGION BAS ST-LAURENT – GASPÉSIE

Marièle Cantin – présidente du Club,

Doyenne adjointe, premier cycle, U.Q.À.R.

Au printemps de l’année 1988, un groupe de femmes de la région Bas St-Laurent – Gaspésie créait le Club politique féminin. Ce club se donnait comme mandat la promotion de l’implication des femmes de la région en politique active. Après plus d’un an d’existence, le club compte cinquante-cinq membres, disséminées sur un vaste territoire : la distance à parcourir et la dispersion des membres présentent ici un défi qui n’est pas sans marquer le style des interventions du club.

Origine du club

En 1985, l’Association féminine d’éducation et d’action sociale (AFEAS), qui regroupait alors plus de 33 000 membres au Québec, réfléchissait sur la thématique « Femmes et pouvoir politique ». Cet organisme tenait, en octobre 1986, un « Carrefour d’exploration sur l’accès des femmes au pouvoir politique » qui regroupa à Montréal près de deux cents femmes. Les réactions suscitées par ces différentes activités ont incité les femmes de notre région à organiser, en mars 1987, une rencontre sur le même thème. A l’issue de cette intense journée de réflexion, une recommandation à l’effet de former un club politique féminin était approuvée par l’ensemble des participantes.

Lancé le 17 mai 1988, après plusieurs mois de travail réalisé par un comité provisoire piloté par l’AFEAS, le Club politique féminin région Bas St-Laurent – Gaspésie tenait son assemblée de fondation le 20 octobre 1988.

Objectifs et mandats

Lors de cette assemblée de fondation, le club a précisé ses objectifs : démystifier la politique et l’engagement politique, informer les femmes, supporter et outiller celles qui veulent s’engager ; somme toute, intervenir pour donner au plus grand nombre le goût de participer activement à la vie politique.

Notre club se présentait donc comme une ressource pertinente pour soutenir les femmes qui sont sensibilisées, ou qui veulent s’intéresser davantage aux défis posés par la politique active. Il devenait ainsi le premier regroupement du genre au Québec consacré exclusivement à promouvoir cette approche.

Notre mandat est simple : travailler par divers moyens à augmenter la culture politique des femmes et, ultérieurement, accentuer leur engagement en politique active. Notre regroupement considère que les femmes doivent s’impliquer davantage en politique, non seulement pour défendre des dossiers dits « féministes », mais avant tout pour intervenir comme citoyennes dans l’orientation des dossiers qui concernent toutes les composantes de la société. Aussi, nous voulons agir envers les femmes comme un groupe de support technique afin de faciliter leur engagement. Auprès des autres instances de la société, nous pouvons jouer le rôle d’un comité conseiller et traduire la pensée des citoyennes sur des dossiers débattus sur la place publique qui doivent être solutionnés politiquement, tant sur le plan municipal, provincial que national.

Activités et interventions

Au moment de notre fondation, en octobre 1988, nous nous trouvions déjà en campagne électorale fédérale. Nous avons alors, avec l’appui de nos membres issues de trois comtés, organisé des soirées d’information politique dans les centres les plus populeux de ces districts. Notre intention était de permettre aux femmes de bien s’informer des positions respectives des candidats sur les dossiers de leur propre région, de manière à faire un choix objectif. Fortement médiatisée, cette conjoncture nous a permis de bien nous faire connaître dans différents milieux, ce qui a influencé l’augmentation de notre membership.

À la suite de ces soirées d’automne, nous avons tenu des assemblées régulières qui ont regroupé moins de membres que nous espérions mais n’en n’ont pas été pour autant moins riches en contenu : l’une portait sur une évaluation très critique de la campagne électorale fédérale, au niveau du contenu et des stratégies, l’autre abordait, de façon plus théorique, le parlementarisme et la dynamique des partis politiques. Nous avons présenté plus tard une conférence, dite souper-bénéfice, avec une personnalité politique féminine très impliquée, madame Pauline Marois, vice-présidente du Parti québécois. Plusieurs femmes ont participé à cette activité  qui nous a permis de recruter de nouvelles adhérentes.

Nous avons également, en cours d’année, réalisé plusieurs interventions auprès des médias écrits et électroniques, participé à des réunions d’organismes féminins, donné quelques conférences à l’occasion de la journée internationale des femmes, reçu la présidente du Conseil du statut de la femme, participé à la journée du 8 mars (organisée en août) par les femmes de Mont-Saint-Pierre en Gaspésie, participé à diverses assemblées générales d’organismes féminins et aussi au Colloque régional de « Femmes en tête ». La conjoncture politique allait, en moins d’un an, nous convier à de nouvelles activités d’informations réservées aux femmes : nous avons alors réussi à organiser, avec le support inestimable de la collaboration d’autres groupes et de nos propres membres, cinq soirées d’information politique dans autant de comtés, dans le cadre de la campagne électorale provinciale.

Financement

L’étendue de notre territoire et la diversité de nos interventions sont des contingences qui jouent fortement sur nos besoins financiers. Nous comptons sur les montants que nous procure l’adhésion de nos membres, sur l’organisation de conférences ouvertes aux publics féminins et aussi sur les fonds discrétionnaires dont disposent nos députés provinciaux, pour nous assurer un minimum de support financier. Nous envisageons la recherche d’autres ressources, plus particulièrement par le biais des programmes de subventions réservés aux femmes.

Prospective

Les discussions tenues lors de notre première assemblée générale annuelle, en octobre dernier, nous ont convaincues de la nécessité de structurer davantage notre regroupement : préciser nos objectifs, réfléchir sur nos besoins et nous doter, en conséquence, de statuts et de règlements qui soient simples, clairs et non contraignants et qui rendent compte de la volonté de nos membres quant à la structure actuelle du Club politique féminin, à ses orientations communes et/ou distinctes de celles de l’AFEAS ainsi que de leur autonomie respective et de leurs liens privilégiés.

Aussi, nos volontés de développement pour la prochaine année tiennent compte de l’état de dispersion de notre membership et des distances à parcourir pour nous rejoindre. Cela nous amène à proposer de rapprocher certaines activités de nos membres en les regroupant par régions : par exemple, Rivière-du-Loup, Trois-Pistoles et le Témiscouata ; Matane et la Matapédia ; Rimouski, le Haut Pays et la Métis. Ces noyaux pourraient organiser quelques activités ponctuelles, répondant à

leur spécificité, et nous nous retrouverions a des périodes régulières, toutes ensemble, pour des rencontres qui pourraient devenir un complément ou une mise en commun des réalisations locales, ou encore pour des activités de nature différente axées sur des thèmes plus élaborés. Les membres de notre comité de direction se proposent aussi d’intervenir de façon plus soutenue auprès des médias électroniques et écrits et auprès des groupes féminins afin de faire connaître davantage les objectifs du Club.

Même si nous nous considérons encore en phase expérimentale ou, si l’on veut, en phase d’implantation, donc en recherche de ce que nous devons devenir, nous sommes convaincues qu’il faut faire porter bien haut le discours de l’urgence, sinon de la nécessité que les femmes doivent se préoccuper davantage de la chose politique. 

Compte tenu de la situation régionale particulièrement défavorable que nous connaissons, plusieurs femmes et plusieurs regroupements de femmes pensent aussi qu’il est urgent de favoriser une plus grande prise de conscience de nos responsabilités politiques. À cet égard, en ce qui nous concerne au Club politique, il nous importe non seulement de développer notre conscience et nos stratégies politiques pour faire avancer la problématique des femmes mais surtout pour favoriser le développement de tous les dossiers qui concernent l’ensemble des individus qui composent notre société. Nous souhaitons que cette orientation globale ne soit jamais mise de côté : c’est parce que nous sommes des citoyennes responsables que nous devons nous impliquer dans tous les dossiers, non seulement dans ceux des femmes … mais aussi dans ceux des travailleurs, des personnes âgées, de l’environnement, de l’accès au travail, des services de santé, de la fiscalité, des relations internationales, du sous-emploi, de l’exode des jeunes et des aînés, etc.

A l’égard du développement de ces dossiers et de bien d’autres, malgré l’engagement et les interventions politiques de plusieurs de nos consoeurs en région, nous nous sentons, la plupart du temps… comme au commencement d’un monde à construire.