MADAME LE CURÉ

« MADAME LE CURÉ »

Monique Damais –Rimouski

C’est là le titre du troisième d’une série de cinq reportages sur les prêtres au Québec. Cette série, réalisée par Karl Parent, a été présentée à l’émission Le point, du 9 au 3 décembre 1991 (télévision de Radio-Canada).

Voici les titres des cinq émissions :

1. Que sont les prêtres devenus ?

2. Le curé et son vicaire

3. Madame le curé

4. Le curé locataire

5. Le métier du prêtre dans le monde moderne.

Madeleine Poulin présentait ainsi l’émission : « À défaut de prêtres traditionnels (il n’en reste plus que 4 000 au Québec) elle (l’Église) est bien obligée de faire appel aux laïcs et aux femmes pour prendre la relève. » Pour illustrer cette affirmation, on présente la situation à Saint-Antoine des Laurentides, au nord de Montréal.

L’émission commence par la procession d’entrée : au premier rang, la femme curé, Andrée Desroches accompagnée d’une femme aux yeux bandés ; au deuxième rang, le curé et un diacre. La présence d’une femme aux yeux bandés – plutôt symbolique ! – c’est pour représenter l’histoire de l’aveugle Bartimé. Le commentateur dit alors : « Un prêtre qui a laissé tant de place aux femmes qu’il travaille pour Madame le curé. »

Dans une entrevue, le curé explique la situation de sa paroisse : « Je suis prêtre de la communauté. Je suis ministre de la parole, des sacrements, mais la responsabilité de la paroisse est confiée à une laïque et à l’équipe paroissiale. » À la question : « Est-ce qu’on peut dire que le curé est une femme ? », le curé répond : « Quand on parle de « curé », on fait référence peut-être à un modèle du passé ; ici, on invente un nouveau modèle (…), on préfère dire qu’elle est la responsable de la communauté. »

L’agente de pastorale concernée est plus directe : « Le titre qu’on nous donne, c’est responsable de paroisse mais en fait, mon rôle, c’est le même qu’un curé, sauf que je ne touche pas aux sacrements, (…) j’ai toute la responsabilité de la coordination de paroisse : voir que tous les dossiers sont touchés, partagés, participer aux réunions de responsables de paroisse (…) » Des images nous montrent l’agente de pastorale travaillant à la comptabilité, puis participant à une réunion du comité de pastorale.

À la question portant sur les femmes ordonnées, Andrée Desroches répond : « Femmes ordonnées ? peut-être un jour, c’est vrai que les femmes sont massivement en pastorale à cause de la disponibilité, des salaires pas suffisants pour être soutien de famille, même si les études sont là (…) Je n’ai pas l’impression qu’on remplace le curé sans avoir le titre, parce que de plus en plus les femmes ont des postes de responsabilité en Église. »

Ce qui m’a le plus étonnée dans ce reportage, c’est la réponse du diacre : « Je n’ai pas le goût d’être curé, de toucher au côté administratif. Il y a un type de prêtre : prêtre de communauté, ça m’intéresse, où une laïque peut être responsable de paroisse, elle le fait mieux que moi. J’aime à être proche du monde ». Cette affirmation dévoile que les hommes veulent encore une fois se réserver la meilleure part et laisser aux femmes le travail clérical, des tâches moins intéressantes, plus asservissantes.

Et pourtant, dans le reportage, l’agente de pastorale paraît très proche des gens, attentive aux diverses opinions exprimées, compréhensive des jeunes, une mère de famille et une grand-maman qui va visiter sa petite fille, une femme bien située dans le concret de la vie.

Cette réflexion du diacre signale la vigilance que les femmes doivent continuer d’exercer pour ne pas être cantonnées dans certaines tâches cléricales et ne pas pouvoir exercer tout leur potentiel.

R A P P E L

II vous plairait de vivre une expérience dynamisante avec des femmes féministes et chrétiennes qui veulent

« oser la liberté »,

faire surgir le pouvoir qui existe en elles pour provoquer des transformations, des femmes qui se réunissent pour dire qui elles sont et décider ensemble ce qu’elles veulent faire advenir et qui souhaitent, aussi, célébrer leur joie, leur foi, leurs luttes, leurs créations et leurs rêves ? Il faut s’inscrire au

Rassemblement de femmes féministes et chrétiennes du Québec

qui se tiendra les 5,6 et 7 juin 1992

au Collège de Bois-de-Boulogne, à Montréal

Informations : Laurence Mottier, secrétariat du RaFFECQ-92

5035, rue de la Roche, Montréal, Qc – H2J 3K1

Tél. : (514)274-1677

Comité organisateur : Rita Hazel, Elizabeth Hutchinson, Yvette Laprise, Jean Ann Led well, Laurence Mottier et Nathalie Viens. Initiative du Réseau oecuménique des femmes du Québec.