No. 7 – NOUS CONTINUONS…

Nous continuons

Le collectif de l’Autre Parole a maintenant deux ans d’existence. Si nous ne sommes pas à la veille du grand soir féministe, la récente histoire de notre collectif nous encourage pour le moins à poursuivre l’action entreprise.

Nous sommes de plus en plus convaincues que nous ne parlons pas dans le désert mais qu’au contraire nos propos trouvent écho chez un nombre croissant de femmes au Québec. Des solidarités voient le jour. Les femmes qui se reconnaissent toujours comme chrétiennes tolèrent de moins en moins la situation qui leur est faite dans l’Église. Le mouvement de libération des femmes a des répercussions partout, même au sein de l’Église! Louée sois-tu Seigneure!

Le collectif de l’Autre Parole a l’intention de poursuivre son action avec les mênes orientations que les années précédentes. Il tient à redire sa complicité avec le mouvement des femmes du 0uébec. L’Autre Parole, tout en gardant sa specificite, le religieux, se considère comme appartenant à ce vaste mouvement de libération entrepris ici au Québec.

Notre collectif désire de toutes ses forces combattre l’isolement des femmes dans l’Église. Le sexisme existe dans l’Église (comme partout ailleurs) et nous devons en prendre conscience. La solidarité des femmes nous apparaît comme le meilleur moyen pour combattre cette oppression.

Notre analyse de femmes engagées, chrétiennes et féministes, nous oblige à nous désolidariser de l’idéologie religieuse dominante qui véhicule, à notre point de vue, une pensée à la fois contre les femmes mais également distante des plus petits de ce monde, en particulier la classe ouvrière.

Nous croyons important de procéder à un répérage des valeurs, des modèles promus par l’Église et qui vont à l’encontre de la libération des femmes. Nous pensons entre autres aux modèles de la vierge et de la mère et à toutes les questions d’éthique sexuelle.

Nous sommes persuadées que la créativité doit jouer un rôle important. Pourquoi ne pas imaginer de nouveaux modèles de communautés dans l’Église, modèles où les pouvoirs perdraient du terrain et n’auraient plus les visages d’aujourd’hui; où les femmes auraient une place pleine et entière et où la différence ne serait plus source de réduction.

Le discours théologique traditionnel nous rend profondément mal à l’aise et nous le remettons en question. Si un certain silence peut se révéler fécond, on aspire également à l’élaboration d’une nouvelle théologie, féministe celle-là. Notre intention n’est pas de remplacer au plus vite les anciens mots par des nouveaux, mais plutôt de voir si les femmes n’ont pas une parole neuve à dire. Une théologie écrite par des femmes après 2,000 ans de silence féminin aurait d’après nous une certaine pertinence. Nous n’avons pas le goût d’utiliser les vieilles méthodes traditionnelles. Nous songeons davantage à élaborer collectivement un nouveau discours qui ferait place à l’expérience libératrice des femmes comme signifiante de la libération commencée par Jésus.

Voilà bien des ambitions pour un petit collectif. L’Autre Parole tient à poursuivre son travail dans ce sens. La tâche est gigantesque mais avec la solidarite des ouvrières on saura y faire face. 30 septembre 1978

Marie-Andrée Roy 30 septembre 1978