ROSELINE JOSEPH ET LES OS DE POISSON

ROSELINE JOSEPH ET LES OS DE POISSON

Monique Dumais, Houlda

Qui penserait que l’on pourrait créer des oeuvres d’art à partir d’os de poisson ? Il faut être née au bord de la mer pour y penser…

C’est à New Carlisle en Gaspésie que Roseline Joseph  a vu le jour. Déjà toute jeune, elle s’adonnait à ramasser des galets au bord de l’eau et à dessiner des fleurs sur le pourtour de son assiette avec des os de poissons. Elle a d’abord travaillé comme intervenante sociale à Rimouski, puis, progressivement, elle s’est mise à la pratique de son art.

Au point de départ, elle composait ses sculptures en os de poisson et les collait sur des pierres.  Une dizaine d’années plus tard, elle abandonne la pierre comme support pour un matériau plus léger et transparent le verre, ce qui permet de donner un côté plus aérien à ses oeuvres, qui sont multiples et différentes. Voici ce qu’en dit l’artiste :

Certains artistes créent avec de l’huile, d’autres avec de la glaise ou avec le bois. Moi, c’est à partir des os de poissons que mon univers prend forme. Cet univers a commencé à éclore en moi il y a très longtemps lorsque, toute petite, je mangeais de la Cambuse, plat traditionnel de la Péninsule gaspésienne, à base de tête de morue. Entre les fleurs du pourtour de mon assiette, je créais déjà d’autres fleurs avec les os.

Quelques années plus tard, je parcourais la plage à la recherche de trésors. Alors que les autres enfants ramassaient des agates, je recherchais des pierres simples, qu’on trouve partout, mais sur lesquelles la nature avait pris plaisir à dessiner des formes : lune, horizon, vagues …

Un peu plus tard, j’ai associé naturellement cette pierre rougeâtre aux os de poissons de mon enfance pour en faire de petites sculptures. Au début, de simples fleurs naissaient de mes doigts, puis un os me fit penser à une voile de bateau et dans  la voile je vis une jupe qui m’amena à créer des personnages. C’est alors l’humanité entière qui s’ouvrait à moi ! Un os jouxtant un morceau de cartilage et une scène de la vie prenait forme : ici un couple, là une femme cheveux au vent, là un pêcheur… Tout devenait matière à création.

À partir de ce jour, tout en explorant le vaste champ des activités humaines, je m’arrêtai à la matière elle-même si simple, si humble et à ses inépuisables possibilités.

Mais il me manquait un élément. Un, je ne sais quoi, qui vivait dans ma matière première et qui ne se retrouvait pas dans mes tableaux. Ceux-ci avaient beau être imaginatifs et délicats, ils avaient perdu leur qualité la plus importante : la transparence.

Et c’est cette transparence, cette translucidité qui pouvait d’après moi montrer la fragilité, le rêve, le brouillard, la couleur du temps. Le verre devint le seul matériau qui pouvait me permettre de rejoindre ce blanc, cette limpidité, cet argent de la mer étale par temps calme.

J’appliquai donc mes créations d’os de poissons sur le verre en prenant le silicone comme colle. Avec celui-ci je dessinai sur le verre et j’y apposai de la poudre d’os de poissons. J’avais trouvé mon mode d’expression : dessin, collage, sculpture.

Site web :  //www.iquebec .ifrance.cm/roselinejoseph/

Si tu passes à Rimouski, cet été, visite l’atelier de Roseline Joseph, au 635, rue Saint-Germain, Rimouski Est, tu seras ravie, elle fait des démonstrations de son art in situ.