SAVEZ-VOUS QUE…

SAVEZ-VOUS QUE…

Selon Mary Milligan, théologienne de Los Angeles, les disciples d’Emmaüs auraient été un homme et une femme ! On sait que l’une des deux personnes s’appelait Cléopas, mais le nom de l’autre n’est jamais mentionné. Or, Milligan nous dit que l’évangile de Jean nous parle d’un groupe de femmes restées au pied de la croix au moment de la mort de Jésus. Parmi elles, se tient « Marie, la femme de Clopas ». Il y a peu de distance linguistique entre Cléopas et Clopas… Milligan nous dit que plusieurs couples-disciples ont suivi Jésus.

« Le fait que le texte grec donne le masculin n’est pas une indication que les deux disciples étaient des hommes. Cela met plutôt en évidence l’usage commun dans le grec, comme dans nos langues modernes, d’employer le masculin pour tout groupe où il y a au moins un homme présent ». Peut-on imaginer le nombre de femmes passées inaperçues dans l’histoire à cause de cette règle du masculin « embrassant » le féminin ? Femmes et hommes dans l’Église, no 33, mars 88.

Nous avons appris, par le biais d’une missive de l’éditrice de In God’s Image, que l’équipe de rédaction de cette revue avait connu de graves ennuis au début de l’année 1988. Rappelons qu’il s’agit d’une publication qui diffuse une réflexion théologique et féministe en évolution dans plusieurs pays d’Asie. Elle s’est vu retirer ses locaux et a dû quitter Singapour pour se réfugier à Hong Kong. L’association qui la chapeautait, la « Christian Conférence of Asia », avait été expulsée du pays en décembre dernier, à cause de ses prises de positions concernant les droits humains en Asie. L’équipe de In God’s Image se réorganise présentement à Hong Kong, mais a dû suspendre momentanément ses publications.

Nous tenons à leur témoigner notre solidarité et à leur souhaiter toute la force et le courage nécessaires pour surmonter cette épreuve.

Question : Certains évêques des États- Unis et du Canada ont réclamé l’institution de diaconesses.

Cardinal Thiandoum : C’est une revendication pour sociétés développées. En Afrique, en Asie, en Amérique Latine, c’est le genre de questions que personne ne pose. Cela m’apparaît comme le type même de contresens sur la vocation des laïcs. Notre souci, c’est que les chrétiens soient présents dans le monde et le façonnent conformément à l’idéal de la chrétienté et non de satisfaire les revendications folkloriques des féministes. Les femmes ont leur rôle à jouer dans l’Église. Mais le modèle qui leur est proposé, c’est celui de la Vierge Marie. » Si vous avez envie de lire une réponse à de tels propos, revoyez l’article de Rita Hazel « Église universelle vs féminisme chrétien ? », paru dans le numéro 36 de L’autre Parole, décembre 1987. (Extrait de l’entretien publié par Valeurs actuelles, nov. 87, et cité dans Femmes et Hommes dans l’Église, no 33, mars 1988.

Dans le compte rendu d’une manifestation tenue à Cologne en août 1987 à l’occasion de la visite du pape, Magdelene Bussman parle ainsi de la sexualité selon la théorie féministe :

« .. Les femmes n’acceptent plus que ce soient les hommes qui définissent leur être-femme, qui soient compétents pour dire ce qu’elles sont, leur devoir, leur sexualité. Car les hommes, hommes d’Église célibataires, définissent les femmes à partir de leur appréciation négative de la corporéité et de la sexualité, comme des êtres passifs, faits pour servir, dominés par les passions, donc inférieurs, de moindre valeur, particulièrement portés au péché. (…) Les femmes refusent la prétention de vieillards célibataires à parler d’elles d’autorité, sans même parler d’abord avec elles. Elles refusent de voir dans la sexualité humaine seulement un moyen en vue d’un but, la procréation. Pour elles, elle est un don de Dieu, elle dit tendresse, plaisir, joie, érotisme, « être prise »- et elles veulent y insister dans la théologie, une théologie qui accepte la corporéité de la création que Dieu a déclarée bonne ». Suivent de très belles lignes sur Marie : « Pour nous, Marie n’est donc plus un être sans sexe. Elle est femme prophétique ouverte à l’Esprit, la « ruah » de Dieu ; partenaire de Dieu dans l’accomplissement du salut. Celle qui chantait le détrônement des puissants, peut être la Soeur des femmes à qui les hommes, toujours en position de domination dans l’Église, ne laissent qu’une place humble, de service, sans pouvoir, à l’arrière-plan, sans voix. Nous voulons ôter à Marie ce

déguisement dont l’a affublée une histoire de 2 000 ans faite par les hommes ». Femmes et Hommes dans l’Église, no 33, mars 1988.

L’épiscopat canadien vient de publier un guide d’animation de 24 pages intitulé Le don de la vie, le droit à la vie, qui porte sur la question de l’avortement. Selon la CÉCC, « la publication d’un guide s’inscrit dans le besoin qu’ils (les laïcs) ont d’une tribune leur permettant d’en discuter à la lumière de l’enseignement de l’Église et dans un contexte qui respecte leur propre expérience et compréhension du problème ». Ce guide comprend trois parties. La première est centrée sur l’expérience, l’évaluation du contexte et de la décision relative à une grossesse non désirée. La deuxième propose une réflexion à la lumière des enseignements de l’Évangile. La troisième fait nettement appel à l’engagement des chrétiens en leur proposant des actions concrètes, individuelles ou collectives, en vue de protéger la vie à tous ses stades.

On peut donc penser que ce document, même s’il semble vouloir poser de vraies questions, en arrivera toujours aux mêmes vieilles réponses. Marie Laurier, « Les évêques lancent un guide d’animation traitant d’avortement », Le Devoir, 23-04-88

Christine Lemaire