No. 111 – Eucharistie et Sacerdoce

Liminaire

La question des religions se fait de plus en plus présente au palmarès de l’information. Ces institutions qui se présentent comme intouchables sont de plus en plus contestées dans leur rapport au monde. L’Église catholique n’y échappe pas. Dans ce numéro, L’autre Parole fait un retour sur la question du sacerdoce des femmes tout en ouvrant une fenêtre sur la célébration de l’eucharistie et de son sens dans nos vies. En voici quelques prémices.

Vous vous souvenez sans doute de mai 1994 où les autorités romaines décrétèrent solennellement clos le débat sur l’ordination des femmes avec interdiction formelle de revenir sur le sujet. Qu’est-il advenu de ce décret dictatorial ? Pour nous en parler , des auteures qui se sont penchées sur la question vous livreront tour à tour leurs judicieuses observations.

Non, le débat sur l’accès des femmes à toutes les responsabilités, y compris l’accès au sacré, loin d’être clos, converge plutôt vers un désir général et moderne d’authenticité par rapport au sens des messages fondateurs.

Depuis le 29 juin 2002, les ordinations de femmes se succèdent dans diverses parties du monde et le lieu préféré pour les célébrer ce sont les fleuves: le Danube à deux reprises, le Saint- Laurent, le Lac de Constance (Suisse). Le choix des eaux pour cette circonstance n’évoque-t-il pas un retour aux origines alors que l’Esprit planait sur les eaux pour les féconder ? (Gn1,1). Et depuis, d’ordination en excommunication , rien aujourd’hui ne semble pouvoir endiguer la vague des revendications féministes trop longtemps embarrée sous le dictat du pouvoir romain.

La question émerge donc dans de nombreux pays et à partir de divers groupes laïcs comme religieux. En janvier 2006, s’ouvrait à Paris un des premiers grands colloques internationaux et oecuméniques sur les femmes prêtres, enjeux pour la société et les églises. La question de l’ordination y est reconnue comme le signe d’un progrès de l’humanité et une manifestation de courage quant à l’intelligence de la foi au sein du christianisme.

Au Québec, il est reconnu que les femmes en ministère, même non ordonnées, exploitent déjà dans leur communauté cette fonction nourricière, partie intégrante du travail pastoral du prêtre ou du diacre. Ordonner ces femmes ferait comprendre le sacerdoce autrement et permettrait de concrétiser, à travers une représentation réelle, l’égalité des filles et des fils de Dieu.

Dans la réécriture de la Visitation, la ruah manifeste que rien ne doit brimer les voies de Dieu car ses voies ne sont pas les voies humaines qui ont parfois des logiques mortifères . Pour Dieu, la vie doit vibrer au rythme de la liberté pour tous et toutes. Dans la tradition de L’autre Parole, il est aussi fait mémoire d’une autre réécriture collective touchant l’eucharistie et la prêtrise réalisée en 1997, lors du colloque sur la Christa.

Quant à la célébration du Mémorial de la Cène, remonter aux toutes premières décennies de l’Église, peut favoriser une pratique éclairée de ce Mémorial dans les groupes d’appartenance chrétienne et rejoindre des sensibilités et préoccupations féministes. L’approche d’Élisabeth Fiorenza, apparaît elle aussi très fructueuse, pour chercher comment vivre de l’eucharistie comme chrétiennes féministes ou comme femmes en Église dans notre contexte actuel. Une dernière réflexion concerne le mystère eucharistique dans un monde désacralisé et une hymne liturgique vient couronner le tout.

N’oubliez pas le Billet d’aujourd’hui suivi de la chronique habituelle : Saviez-vous que ?

Bonne lecture.

Yvette Laprise
Comité de rédaction