No. 115 – Féminisme, théologie et libération

Liminaire

L’autre Parole a publié en 1985 un numéro intitulé La théologie féministe : le printemps de l’Église. Il était empreint d’enthousiasme et de confiance dans un changement prochain. Le numéro de 2007 a pour but d’actualiser la théologie féministe de la libération dans laquelle L’autre Parole continue de s’inscrire. Cette théologie a-telle encore un sens aujourd’hui? Qu’a-t-elle apporté? Vingt-deux ans plus tard, plusieurs des auteures qui ont accepté de se plier à l’exercice de cette mise à jour admettent certains reculs. Elles signalent aussi de nouveaux lieux de vie et de liberté.

Dans un premier article qui fait un état de la question, Louise Melançon parle de l’émergence et du parcours de la théologie féministe de la libération. Celle-ci a désormais le défi d’articuler entre elles une diversité grandissante de ses propres voix. Ivone Gebara nous fait le cadeau d’une lecture à la fois lucide et espérante. En Amérique Latine, explique-t-elle, l’institution ecclésiale catholique a rejeté la théologie féministe de la libération. La «semence» d’une vie nouvelle continue cependant de germer dans de nombreux lieux sociaux et dans des vies concrètes de femmes. Yvette Laprise s’attaque à ce refus ecclésial. Elle se demande comment l’histoire jugera «le temps d’errance de l’Église d’aujourd’hui ?» Marie Gratton s’engage dans le geste de «liberté» (titre de son article) qui consiste à déconstruire des éléments patriarcaux du christianisme pour relire «l’excellente nouvelle» des évangiles.

Qu’est devenue la place des femmes dans l’Église québécoise en 2007? Comment a-telle évolué ces dernières années? Lise Baroni Dansereau nous donne l’heure juste à ce propos. Elle parle d’un «effritement de la base féministe ecclésiale» dont il faut savoir tirer les conséquences.

Christine Lemaire nous aide à réfléchir sur la vie concrète d’une féministe chrétienne, aujourd’hui, à partir du slogan Penser globalement, agir localement. Elle tisse un lien existentiel entre la condition de chaque femme et celle de toutes les femmes, adapté au contexte actuel. Monique Dumais reprend de manière alerte la question de l’expérience des femmes comme source du savoir de la théologie féministe. Elle propose un voyage planétaire et analyse le caractère mouvant des identités. Diane Marleau expose quelques recherches nouvelles sur le corps. Enfin, Carmina Tremblay présente la formation Le féminisme ça clique, produite au Québec, et qui est disponible à toutes sur Internet.

La théologie féministe de la libération est toujours en marche comme le montre ces auteures. Une des questions qui se pose à elles est de savoir comment évoluer avec fluidité pour répondre aux conditions changeantes dans la liberté et dans l’espérance.

Bonne lecture!

Denise Couture
Pour le comité de rédaction